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Ligue des champions : le PSG au « Théâtre des rêves »

On lui promettait l’enfer, mais le Paris-Saint-Germain (PSG) a connu une belle et douce soirée dans le « Théâtre des rêves », surnom de l’enceinte des Reds Devils. Portés par leurs 3 800 supporteurs qui avaient fait le déplacement dans le nord de l’Angleterre, les Parisiens se sont imposés sur la pelouse d’Old Trafford, le stade de Manchester United (2-0), mardi 12 février, lors de la manche aller des huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Bien que privé de plusieurs joueurs clés, le PSG a offert une véritable démonstration et posé une sérieuse option sur la qualification pour les quarts de finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes. Grâce aux buts de Presnel Kimpembe – son premier en professionnel – et de Kylian Mbappé, tous deux inscrits en seconde période (53e et 60e), le PSG a fait un grand pas vers son principal objectif de la saison : retrouver, après deux ans de disette et des éliminations face au FC Barcelone en 2017 et au Real Madrid en 2018, la saveur des printemps européens.

Pourtant, l’inquiétude était grande avant la rencontre. Car face à un PSG amoindri se dressait un Manchester United retrouvé depuis le limogeage de José Mourinho le 18 décembre 2018. Avec son nouvel entraîneur, le Norvégien Ole Gunnar Solskjaer, les Red Devils restaient sur un bilan de dix victoires et un match nul en onze matchs. De quoi rendre confiants les supporteurs mancuniens, à la fierté retrouvée.

Les faiblesses des Mancuniens bien exploitées

Pas de Neymar ? Pas de Cavani ? Pas de problème. Alors que le PSG devait composer sans ses deux attaquants, blessés, le latéral Belge Thomas Meunier (commotion) et le milieu de terrain Adrien Rabiot, écarté du groupe professionnel depuis plus d’un mois, soit quatre titulaires de début de saison, il s’est logiquement imposé au terme d’un match maîtrisé.

« On a mérité cette victoire à Old Trafford. Félicitations à mon équipe ! s’est réjoui l’entraîneur allemand du PSG, Thomas Tuchel, après la rencontre. On a contrôlé le match davantage que Manchester avec notre structure, notre possession du ballon. En première période, nous avons perdu beaucoup de ballons faciles mais la deuxième était excellente. »

Si Manchester United a tenté de mettre la pression dès le début de la rencontre dans le camp parisien en confisquant le ballon, le PSG a rapidement dominé son adversaire, prenant conscience à la fois de ses forces, mais aussi des faiblesses des Mancuniens. Thomas Tuchel avait d’ailleurs été clair avant la rencontre, il n’allait pas adopter une tactique défensive, « contraire à l’ADN » de son équipe.

Promesse tenue en proposant un 3-4-3 qui n’avait plus été utilisé depuis plusieurs semaines, avec Juan Bernat et Dani Alves en pistons sur les côtés et un trident d’attaque composé d’Angel Di Maria à gauche, de Julian Draxer à droite et de Kylian Mbappé, seul en pointe. Le jeune champion du monde, auteur d’une nouvelle prestation remarquable et remarquée, en l’absence de ses deux compères de l’attaque, a totalement assumé ses responsabilités.

Kylian Mbappé trompe le gardien de Manchester United pour marquer le second but du PSG, à Old Trafford, le 12 février.
Kylian Mbappé trompe le gardien de Manchester United pour marquer le second but du PSG, à Old Trafford, le 12 février. 

Hommages à Tuchel

La confiance affichée par l’entraîneur allemand avant le match, tranchant avec le pessimisme ambiant, a déteint sur ses joueurs, qui lui ont rendu un hommage unanime après la rencontre. Du Brésilien Marquinhos, qui n’a pas manqué de « remercier le coach »qui « dans toutes les interviews affichait beaucoup de confiance en[son] talent » et « vu des choses que [lui-]même ne voyait pas », à Presnel Kimpembe, qui a loué ce « coach qui nous briefe beaucoup, nous fait beaucoup de vidéos et de travail tactique », tous ont tenu à souligner le rôle central de leur entraîneur dans ce succès.

Sur le bord du terrain, la différence était flagrante entre un Thomas Tuchel habité, conseillant ou admonestant ses joueurs de la première à la dernière minute, et un Ole Gunnar Solskjaer placide, presque éteint. Le Norvégien n’a pas su trouver de solutions au milieu de terrain, où la paire Verrati-Marquinhos a annihilé Paul Pogba, pourtant si rayonnant depuis la prise de fonctions de son nouvel entraîneur. Le champion du monde a vécu un calvaire qui a culminé avec son expulsion en fin de rencontre après avoir récolté un second carton jaune. A croire que les planètes n’étaient finalement pas alignées pour les Red Devils, qui ont aussi perdu sur blessure leur autre « Frenchie » en forme, Anthony Martial, remplacé en début de seconde mi-temps, ainsi que Jesse Lingard.

« Il faut être honnête, ils ont été un niveau au-dessus », a reconnu Ole Gunnar Solskjaer en conférence de presse. « Leur qualité, du gardien à l’avant-centre, est grande. C’est pour ça qu’ils sont favoris. C’est le niveau que l’on veut atteindre (…). Mais ce n’est pas encore perdu », a-t-il avancé, sans vraiment convaincre. On voit mal ce Manchester-là, qui sera donc privé de Paul Pogba, renverser le PSG lors du match retour le 6 mars au Parc des Princes. D’autant que le club parisien retrouvera sans doute d’ici-là Edinson Cavani. Si le douloureux souvenir de la remontada infligée par le FC Barcelone incite à la prudence, l’écart affiché entre les deux équipes semble trop béant pour être comblé.

« On est chez nous ! »

De match, il n’y eut pas non plus en tribunes. Les 3 800 supporteurs parisiens qui s’étaient déplacés à Old Trafford ont donné une leçon à leurs homologues anglais. Comme il y a cinq mois à Liverpool, lors du premier match de la phase de qualification de la compétition, dans une autre enceinte mythique, Anfield Road.

Les « Olé ! Olé ! » chambreurs entonnés alors que le PSG, fort de son avantage de deux buts, faisait tranquillement tourner le ballon, ont été conclus par l’indémodable « On est chez nous ! » en fin de match. Ils s’étaient déjà fait remarquer dans les rues de Manchester par leur cortège qui s’est rendu du centre-ville à Old Trafford en une procession pyrotechnique.

L’ambiance fantasmée des stades anglais, survendue à l’étranger, n’est plus qu’une lointaine chimère. Depuis les mesures prises pour lutter contre le hooliganisme à la fin des années 1980, et avec l’inexorable conquête de l’argent-roi sur le football professionnel, les supporteurs autrefois admirés dans le monde entier sont devenus de sages spectateurs, qui vont au stade comme certains se rendent au théâtre.

La direction de Manchester United, bien consciente du problème qu’elle a elle-même contribué à créer en accroissant le prix des places pour augmenter les recettes de billetterie, avait bien tenté d’apporter un début de solution, en proposant, en début de saison, un abonnement à moitié prix (à 324 euros) dans une tribune, la Stretford End, pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans. Mais rien n’y a fait.

On leur promettait l’enfer mais les supporteurs parisiens peuvent légitimement revendiquer une part du succès du PSG dans le « Théâtre des rêves ».

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