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Poursuites judiciaires : pourquoi les responsables hommes politiques béninois préfèrent l’exil ?

Plusieurs fois annoncée dans ses discours, comme une gangrène avec laquelle il faut en finir, la lutte contre la corruption est devenue un défi personnel à relever du Président Patrice Talon. A cet effet, il ne ménage aucun effort pour en venir à bout.

Relevons ces propos lors du discours à la nation du 22 Décembre 2017 :

« Nous allons mener une lutte implacable contre la corruption et la fraude. Ce combat sera mené sans état d’âme car l’impunité n’aura plus droit de cité au Bénin. La corruption a atteint un seuil insupportable et constitue un frein à l’essor économique de notre pays », avait-il martelé devant la représentation nationale.

Lors de l’un de ses récents voyages officiels en France, le Président Patrice Talon a réaffirmé devant son homologue français, Emmanuel Macron, sa volonté de mener la vie dure aux corrupteurs et corrompus de la République. « ...sur la lutte contre la corruption, je ne lâcherai pas prise » avait-il indiqué.

La population se pose souvent la question de savoir si cette lutte n’est pas personnelle, en ce sens que certains utilisent même l’expression de « persécution politique ».

Attendus par la justice de leur pays dans divers dossiers, certains acteurs politiques passent actuellement leur temps en dehors du territoire national. Cette absence de ces leaders politiques est perçue par bon nombre de béninois comme un exil politique volontaire.

La justice béninoise possède-t-elle des cornes épouvantables, au point de faire peur à nos compatriotes ? Pourquoi le choix n’est que de fuir le pays plutôt que d’aller laver leur honneur devant ceux dont la mission est de rendre justice?

Citons quelques cas.

1er cas : Celui du député Valentin Djènontin qui se retrouve en mission en France depuis un certain temps, et ne pense pas descendre de sitôt pour répondre de ces actes devant la justice béninoise.

2ème cas : Celui de l’ancien Maire de Cotonou, Léhady Soglo, qui se retrouve aussi dans la même situation depuis plus d’un an.

3ème cas : Celui de l’ancien Ministre de l’Economie et des Finances sous le régime précédent, Komi Koutché.

Dans son cas, ses avocats ont envoyé un courrier au Président de l’Assemblée Nationale. A en croire Me Adrien HOUNGBEDJI, ladite lettre comporte de nouveaux éléments dont la commission n’avait pas connaissance. Conséquence heureuse pour l’ancien argentier national, son immunité n’a pas été levée pour être envoyé devant la haute cour de justice.

Le dernier cas en date, qui fait couler d’encre est celui du baron de la volaille au Bénin, Sébastien Germain Ajavon, arrivé en troisième position lors des dernières élections présidentielles.

Egalement convoqué à se présenter devant la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet),  le baron de la volaille a préféré se faire représenter par son collège d’avocat. La raison officielle évoquée par les proches de l’homme d’affaire devenu acteur politique, est qu’il est hors du territoire pour des raisons d’agenda. Mais dans l’opinion publique nationale, plusieurs voix évoquent que l’homme d’affaires a quitté le pays juste pour échapper à la « justice ».

Des rumeurs persistantes font d’ailleurs état de ce que le président d’honneur de l’USL aurait même fait sortir ses enfants du pays pour leur éviter des déboires.

Selon les propos de Me Kato Atita, avocat de l’homme d’affaires, il aurait confié que cela ne fait aucun doute dans son esprit que le président Sébastien Ajavon se serait fait arrêter s’il s’était présenté devant la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme le 04 octobre dernier. Aussi, selon quelques indiscrétions des proches du président d’honneur de l’USL, il serait requis contre le président Sébastien Ajavon, 20 ans d’emprisonnement ferme s’il s’était présenté devant ladite cour. La solution la plus honorable alors selon ces derniers, est de quitter le territoire national.

Mais pour confirmer la thèse de l’exil, il va falloir encore attendre le jeudi 18 Octobre 2018 prochain, date à laquelle le procès a été renvoyé. Un procès qui, selon les avocats du mis en cause, concerne l’affaire des « 18 kg de cocaïne pure » retrouvés dans l’un des conteneurs en dépotage au port autonome de Cotonou et appartenant à l’une des sociétés de ce dernier. C’est pourquoi sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes évoquent déjà un mandat d’arrêt international qui pourrait être délivré contre celui qui est actuellement considéré comme l’opposant numéro 1 du régime actuel  lorsque ce dernier se mettra dans une récidive à ne pas se présenter à la Criet.

Ce choix de l’exil volontaire est-il judicieux et porteur pour ces hommes politiques ? Même si le cas de l’acharnement est avéré, pourquoi fuir ?

En fuyant, ne laissent-ils pas assez de plumes en laissant le terrain vide à leur adversaire ?

Il est souhaitable que les responsables politiques de tout rang et/ou bord politique respectent leurs cahiers de charges vis-à-vis de la justice.

L’exécutif comme les justiciables, chacun en ce qui le concerne doit honorer la justice béninoise et éviter de faire croire qu’on a en face une justice aux ordres et manipulée.

Sans justice, pas de démocratie et donc pas de développement durable.

Abou A.

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